Belin p 39-40 fin de la scène
ARGAN.- Je lui commande absolument de se préparer à prendre le mari que je dis.
TOINETTE.- Et moi, je lui défends absolument d’en faire rien.
ARGAN.- Où est-ce donc que nous sommes ? Et quelle audace est-ce là à une coquine de servante de parler de la sorte devant son maître ?
TOINETTE.- Quand un maître ne songe pas à ce qu’il fait, une servante bien sensée est en droit de le redresser.
ARGAN court après Toinette.- Ah ! insolente, il faut que je t’assomme.
TOINETTE se sauve de lui.- Il est de mon devoir de m’opposer aux choses qui vous peuvent déshonorer.
ARGAN, en colère, court après elle autour de sa chaise, son bâton à la main.- Viens, viens, que je t’apprenne à parler.
TOINETTE, courant, et se sauvant du côté de la chaise où n’est pas Argan.- Je m’intéresse, comme je dois, à ne vous point laisser faire de folie.
ARGAN.- Chienne !
TOINETTE.- Non, je ne consentirai jamais à ce mariage.
ARGAN.- Pendarde !
TOINETTE.- Je ne veux point qu’elle épouse votre Thomas Diafoirus.
ARGAN.- Carogne !
TOINETTE.- Et elle m’obéira plutôt qu’à vous.
ARGAN s’arrêtant.- Angélique, tu ne veux pas m’arrêter cette coquine-là ?
ANGELIQUE.- Eh ! mon père, ne vous faites point malade.
ARGAN, à Angélique.- Si tu ne me l’arrêtes, je te donnerai ma malédiction.
TOINETTE, en s’en allant.- Et moi, je la déshériterai, si elle vous obéit.
ARGAN se jette dans sa chaise, étant las de courir après elle.- Ah ! ah ! je n’en puis plus. Voilà pour me faire mourir.